Ville Lumière (La Cité de l'Arche , tome 1)

30 juillet 2010 Par bibliothequelaregence

Ville Lumière - La Cité de l'Arche, tome 1Des murs immenses ceignent la Ville lumière dont la population vit recluse. Chacun s’adonne avec soumission à la tâche qui lui a été assignée, étroitement surveillé le jour par les « drones » et par une police répressive tandis que la nuit, ce sont les effrayants « rampants » qui rôdent dans les rues pour veiller au respect du couvre-feu. La Ville lumière est une société vivant strictement en autarcie et dans laquelle les hommes et les femmes vivent séparément. Des individus des deux sexes, préalablement sélectionnés, ne peuvent se rencontrer que lors des journées imposées et trop rares de « vie commune ». C’est dans ce contexte qu’Anathaël s’amourache d’Orée, pendant que des factions rebelles tentent de déstabiliser le pouvoir en place. En effet, les Infidèles sont les maîtres du sous-sol et s’opposent ouvertement au pouvoir du Présideur, inquiétant personnage aux sombres et mystérieux desseins.
La population est maintenue dans une sensation de bien-être fallacieuse par le biais des « psylocentres ». Les individus sont donc sous l’influence des psychotropes et sont aussi formatés et réprimés. Toute velléité de rébellion est tuée dans l’œuf alors que subsiste vaille que vaille un groupuscule de résistants, conscients de la manipulation des masses. Un homme, un seul, est attendu pour faire pencher la balance en faveur des rebelles car une légende dit qu’un jour, un passeur guidera les habitants de la ville vers la Cité de l’Arche, où  hommes et femmes vivroVille Lumière - La Cité de l'Arche, tome 1nt en harmonie…
Avec cet album, nous sommes au cœur d’une histoire appartenant à la plus pure tradition du récit de science-fiction. Tous les ingrédients sont présents : une société formatée et réprimée, un dictateur qui maintient la population sous sa coupe en lui offrant des plaisirs éphémères par le biais de drogues et en l’abrutissant de travail, des individus vivant en autarcie dans un environnement saccagé portant les cicatrices d’une civilisation disparue (en l’occurrence la nôtre, puisque nous nous situons dans ce qu’il reste de Paris ; et la suite nous dira s’il s’agit là d’un petit clin d’œil écologique).
O.G. Boiscommun s’impose comme l’homme à tout faire de cet album fort bien réalisé par bien des côtés. Même si le thème est éculé, l’ensemble se laisse lire sans déplaisir peut-être justement parce qu’il rappelle les références littéraires futuristes telles Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Le futur et le présent se mêlent dans une lumière crue et artificielle et les couleurs, plutôt ternes, sont utilisées avec sens. La Cité de l’Arche revient aux valeurs plus traditionnelles du récit de science-fiction et redonne paradoxalement un peu de fraîcheur au genre (c’est que, dans les derniers temps, nous étions littéralement abreuvés de récits futuristes vidés de leur substance). Vivement la suite dont on s’interroge sur la direction qu’elle prendra : Ville Tombe risque bien d’apporter quelques surprises.

L.S.

BOISCOMMUN, O.G. Ville Lumière. (La Cité de l’Arche ; 1). Paris : Glénat, 2010. 54 p.