Jusque dans nos bras

Nous sommes en 2009 et Alice et Mad vont se marier. Mais ils ne se passeront pas la bague aux doigts par amour. Les deux jeunes gens, qui se connaissent depuis qu’ils sont petits, vont contracter un mariage blanc. C’est que Mad est malien et que ses demandes de nationalisation ont toutes été rejetées jusqu’ici. Une seule possibilité s’offre encore à lui pour rester dans le pays qui l’a vu grandir : le mariage blanc. Et quoi de plus naturel que de proposer à sa meilleure amie de l’épouser…  Que choisir entre l’acceptation et un refus net et définitif ? Alice, qui est elle-même une enfant d’immigré, est confrontée à un choix lourd de conséquences…

Alice Zeniter a vingt-trois ans et signe avec Jusque dans nos bras son deuxième roman. La jeune femme donne dans cette fiction une vision plutôt juste et honnête de sa génération, celle qui a grandi avec Internet, celle du terrorisme international, des « geeks », de Secret Story,… et aussi de la génération « qui ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Au-delà d’un mariage fondé sur des bases bancales, c’est une histoire d’amitié solide, une histoire humaine, une histoire d’immigré sur fond de conneries d’adolescents. Ces adolescents et jeunes adultes qui veulent tout abattre, refaire le monde à leur manière, mais qui comprennent au fond bien peu de choses. Ces jeunes adultes qui, quand ils auront mûri, se diront non sans un soupçon de nostalgie : « qu’est-ce qu’on était cons en ce temps-là ». Alice Zeniter raconte une génération désenchantée et confronte la Grande Histoire du Racisme et la Petite, celle du racisme ordinaire, et ce dans un style jeune et alerte. Mais pas seulement, Jusque dans nos bras, c’est aussi une histoire d’identité et d’enracinement…

L.S.

ZENITER, Alice. Jusque dans nos bras. Paris : Albin Michel, 2010.