Celles qui attendent

11 janvier 2011 Par bibliothequelaregence

Coup de coeur
Celles qui attendent / Fatou DiomeArame et Bougna subviennent péniblement aux besoins de leur famille grâce à la cueillette des fruits de mer et le plus souvent en allant s’endetter à l’épicerie du coin. Leur fils respectif, Lamine et Issa, bien que demandeurs ne trouvent pas d’emploi et ne peuvent donc que difficilement contribuer à faire bouillir la marmite familiale. Convaincues que leur salut à tous se trouve en Europe, les matriarches incitent leurs garçons à quitter le Sénégal pour gagner l’Espagne. Ces derniers seraient censés s’y enrichir et leur envoyer de quoi entretenir la grande famille avant de revenir fièrement au pays, auréolés de réussite. Lamine et Issa s’embarquent alors vers une Europe pleine de promesses, en empruntant la route ingrate et dangereuse de la clandestinité.
« Celles qui attendent », c’est un hommage rendu à ces mères, ces épouses et ces filles restées au pays pendant que leurs hommes partent en quête de fortune et de dignité. Fascinés par le chant des sirènes venu d’Europe, ils se sont embarqués à bord d’un frêle esquif plein à craquer d’autres âmes qui, comme eux, sont remplies d’espérance. Car bien sûr l’Europe, Terre promise, n’est que pure chimère. Et pendant que les hommes sont dévorés d’espoir et d’ambition, les femmes sont dévorées par l’inquiétude et ploient sous le travail harassant.
Fatou Diome met une plume superbe et imagée au service d’un récit vibrant d’émotion, lequel fait la part belle aux femmes et à leur attente désespérée. Mais ces femmes sont-elles totalement à plaindre ou portent-elles également leur part de responsabilité dans l’ambition qu’ont les hommes de partir chercher fortune ?  « Celles qui attendent », c’est aussi une quête de la dignité, un peu de jalousie, beaucoup de solitude et un certain cynisme…

L.S.

 

DIOME, Fatou. Celles qui attendent. Paris : Flammarion, 2010. 329 p.