Le Montespan se lit, se contemple et s'écoute…

8 septembre 2010 Par bibliothequelaregence

Voici un personnage que l’Histoire avait « oublié » jusqu’à ce que Jean Teulé le rappelle à notre bon souvenir. Aujourd’hui encore, c’est son illustre épouse qui est davantage connue. Au XVIIème siècle, cette dernière était renommée pour être une des plus belles dames de l’époque, et se faisait aussi remarquer par son humour piquant et sa vivacité d’esprit. Mais Françoise Athénaïs de la Rochechouart a surtout été l’une des favorites la plus célèbre de Louis XIV (avant que Mme de Maintenon ne prenne sa place dans le coeur du Roi de France) et a aussi porté ses « bâtards ».

A une époque où les maris, loin d’être jaloux, entrevoyaient les multiples opportunités d’être cocufiés par Louis XIV, il en était un qui ne s’est jamais résolu à accepter que sa femme appartînt à un autre, fut-il le Roi Soleil… Cet homme, c’était Louis-Henri de Pardaillan dit le Marquis de Montespan…

Le Montespan : roman

LE ROMAN

Louis-Henri de Pardaillan, Marquis de Montespan, a épousé Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart dont il est très épris. Mais le jeune aristocrate, désargenté et poursuivi par les huissiers, regrette de ne pouvoir couvrir sa femme de bijoux, d’autant que le couple n’est pas non plus le bienvenu à la Cour de Versailles. Il espère retrouver la fortune et la faveur de Louis XIV en s’illustrant sur les champs de bataille. Mais durant ses longues absences, Athénaïs est devenue la dame d’honneur de la Reine et a succombé à l’attrait de la vie versaillaise et… au monarque solaire dont elle sera bientôt grosse. Coqueluche et joyau de la Cour, elle est aussi réputée pour sa langue acérée que pour sa grande beauté, sa sensualité et sa vivacité d’esprit.

Alors que la plupart envient sa situation rentable de plus célèbre cocu de France, Louis-Henri n’en refuse pas moins de céder son épouse chérie à son rival, le Roi Soleil en personne – ou en divinité. Quatre années de mariage n’ont pas altéré les sentiments qu’il nourrit à l’endroit de la Marquise, mais que faire quand la dame de ses pensées se détourne de lui pour aller batifoler dans les draps royaux ? En deuil de son amour, moqué et méprisé, Louis-Henri  n’aura cependant de cesse de faire laver l’affront du Roi de France et tous les moyens seront bons pour en découdre. Mais on ne provoque pas impunément Louis XIV…

Avec ce roman, Jean Teulé offre une tribune à son cocu magnifique et lui rend son honneur perdu. Si on présente Le Montespan comme une biographie romancée, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit avant tout d’une fiction. La véracité de certains faits est, en effet, à mettre entre parenthèses ou à vérifier par curiosité…

Jean Teulé immerge bien le lecteur dans les mœurs dépravées de la Cour de Louis XIV et dans sa suffisance. L’auteur arrache risettes et éclats de rire, de même que quelques moues de dégoût devant les descriptions rien de moins que scatologiques. On rit beaucoup, certes, mais on éprouve aussi un peu de peine pour cet amoureux transi aux amours contrariées…

TEULE, Jean. Le Montespan. Paris : Julliard, 2008.


LA BANDE DESSINEE


Nous ne rappellerons pas l’histoire qui est identiquement la même que celle du roman. Feu Philippe Bertrand (1949-2010) s’est chargé de l’adapter en Le Montespan : la bande dessinéevignettes et a pris en main le scénario, le dessin et les couleurs. Bertrand est notamment connu pour la série érotique Linda aime l’art, érotisme dont l’album qui nous occupe n’est pas dépourvu.

Beaucoup de passages du roman ont été passés sous silence, certes pour le bien de l’adaptation (qui compte encore tout de même 110 planches éditées en petit format) mais au grand dam de ceux qui l’auront apprécié, d’autant que nul récitatif ne vient rappeler sa narration savoureuse, la parole étant très souvent laissée à l’image. Cependant, cette dernière ne parvient pas à retransmettre entièrement l’esprit du roman. Il faut dire que Jean Teulé y est d’une crudité crasse alors que le graphisme de Philippe Bertrand est plutôt simple, fin, charmant et élégant. L’ombrage est délicat, la mise en relief des personnages est réalisée au pinceau tandis que l’encrage est aussi léger que les moeurs de l’époque. Le tout apporte beaucoup de fraîcheur à une atmosphère rendue délétère par la dépravation et l’hygiène plus que douteuse. Philippe Bertrand a fait du Montespan un personnage triste et nostalgique tandis que Teulé renvoyait plutôt l’image d’un Gascon coléreux et plein de superbe, en dépit des gausseries de Cour.

Le MontespanEn donnant son accord pour une adapatation du Montespan, Jean Teulé est en quelque sorte revenu à ses premières amours dont il s’était, à l’image de la Marquise, lui-aussi détourné pour embrasser entre autres la carrière d’écrivain (qui lui réussit davantage) ; lui qui, en 1984, avait été récompensé à Angoulême à titre de « contribution exceptionnelle »* (et pas pour la qualité de son oeuvre…) pour l’album Bloody Mary.

Cependant, cette adaptation littéraire du livre Le Montespan est loin de la verve « teulienne ». Il ne reste du savoureux roman de Jean Teulé que des dialogues sabrés et des images qui ne font pas honneur à la gouaille de l’auteur, sans pour autant la discréditer. Simplement, le roman éponyme est d’une drôlerie succulente qu’il est bien difficile de traduire.

Pourtant, indépendamment du roman, l’album n’est pas à jeter, loin de là. Il vaut même le détour !

http://www.auracan.com/Interviews/interview.php?auteur=140

BERTRAND, Philippe et TEULE, Jean. Le Montespan. Paris : Delcourt, 2010


LE CD AUDIO


Le montespan : Le CD audio

Lire et écouter, ce n’est sensiblement pas la même chose. Mais les romans historiques se prêtent étrangement à l’écoute. Et pour l’avoir essayé, nous pouvons dire que Le Montespan en CD-audio, est des plus agréables à entendre.

Le temps de lire vous fait défaut ? C’est cette formule qui vous convient ! Ecoutez donc l’histoire du Montespan dans votre voiture, sur le chemin du travail, et laissez-vous imprégner par les mots sonnants et trébuchants. Vous prenez les transports en commun ? Que nenni ! Ce Cd-audio est fourni en format MP3 que vous pouvez aisément transférer sur votre I-Pod. Chut ! Ecoutez ! Le Montespan en version audio vous souffle : « Essayez-moi ! »… Laissez-vous tenter par cette expérience sonore…

TEULE, Jean et AUBIGNY, Frédéric d’. Le Montespan. Paris : Hachette, 2008. (Audiolib)



UNE BIOGRAPHIEMme de Montespan : La favorite du Roi-Soleil à son zénith
Née Rochechouart-Mortemart, Françoise Athénaïs est la troisième née d’une famille de cinq enfants dont le destin fut incomparable. Parmi toutes les maîtresses du Roi Soleil, s’il fallait n’en retenir qu’une, ce serait elle. Elle épousera pourtant par amour Louis de Pardaillan de Gondrin, Marquis de Montespan, mais se détournera rapidement de ce mari absent et désargenté. D’abord demoiselle d’honneur de Madame (belle-sœur du Roi), elle entrera ensuite au service de la Reine en personne, Marie-Thérèse d’Autriche. Cette dernière ne pourra guère empêcher son royal époux de remarquer Athénaïs (comme elle aime à se faire appeler). Mme de Montespan est en effet d’une beauté tellement exceptionnelle (elle a de belles dents, fait déjà assez rare pour être souligné, à une époque ou les sourires sont édentés) qu’on dit d’elle qu’elle est « LA beauté » incarnée.
Pour Louis XIV, Mme de Montespan est le joyau dont Versailles est l’écrin. Athénaïs est belle, vive, amusante et piquante mais elle aussi dotée d’un encombrant et bruyant mari. Qu’à cela ne tienne, le Roi l’adore de sorte que ce qu’elle désire, elle l’obtient le plus souvent. Et force est de constater que l’exigence n’est pas son moindre défaut… Sans être politiquement influente, elle est néanmoins puissante. Redoutable avec ses rivales, coléreuse et hautaine presque jusque sur la chaise percée, elle fait parfois grincer les quelques dents qui restent à la Cour. L’affection du Roi ne se démentira pourtant pas pendant plus de 10 ans et ce, malgré la sombre affaire qui a éclaboussé sa maîtresse. La démonologie est une des superstitions du 17ème siècle et Mme de Montespan, désireuse de conserver l’amour du Roi y a peut-être versé…
Jusqu’où? Jusqu’aux empoisonnements et sacrifices d’enfants ? En tous les cas, elle est suspectée… sauf par Louis XIV qui lui conserve ses faveurs. Mais l’affaire des poisons, autant que son léger embonpoint et l’influence sournoise de Mme de Maintenon sonneront bientôt le glas de ses amours.
Louis XIV finira par se lasser d’elle, comme des autres, et elle se verra contrainte de quitter Versailles. La fin de sa vie, elle ne la passera pas dans le dénuement, loin de là. Le Roi continuera tout de même à lui verser une pension qu’elle distribuera en partie à un hospice, ouvert sur son ordre.
La flamboyante Mme de Montespan aura marqué le siècle et donné des héritiers – déclarés nés « en vrai et loyal mariage » – au Roi Louis XIV. Nous vous présentons la réédition d’une fresque historique passionnante, narrée sous la belle plume de l’historien Michel De Decker. On s’y croirait presque…

DE DECKER, Michel. Mme de Montespan : La favorite du Roi-Soleil à son zénith. Paris : Pygmalion, 2010. 273 p.

L.S.