Aesculapius (Les mystères de Druon de Brévaux, tome 1)

10 août 2011 Par bibliothequelaregence

Coup de coeur

Aesculapius (Les mystères de Druon de Brévaux, tome 1)Druon aurait-il pu supporter ce jour la moindre plaisanterie déplacée ? Il en doutait. Pourtant, il l’avait redouté. L’espèce de pesant respect de la foule l’avait un peu apaisé.

Il sortit de la ville, se dirigeant sans hâte vers le ru qui s’écoulait au nord. Il s’assit sur la berge moussue et ouvrit le grand sac d’épaule dans lequel il avait entassé son maigre frusquin et ce qui était devenu ses outils de médecin et de chirurgien. Il récupéra au fond une longue natte très brune qu’il huma. L’odeur de l’eau de chèvrefeuille utilisée pour rincer les cheveux lui fit monter les larmes aux yeux. Son père l’adorait, enfouissant son nez dans les boucles parfumées. il offrit la lourde tresse au courant léger. Les mèches de feu Héluise. Les siens. Et Druon quitta Brévaux pour toujours. du moins le croyait-il.

Nous sommes en l’an 1306, un temps où la soupçonneuse Inquisition fait son office. Jehan Fauvel est l’un de ces médecins condamnés à la  Question pour avoir pratiqué des accouchements sans douleur. Mais est-ce là le vrai mobile de la condamnation ? Car avant d’être arrêté, Jehan a remis à son ami Foulques de Sevrin une mystérieuse pierre rouge que beaucoup souhaiteraient s’approprier. Mais la priorité est de mettre à l’abri la fille de Jehan, Héluise, laquelle risque d’être inquiétée de par les rapports privilégiés qu’elle avait avec son père. La jeune fille est en effet soupçonnée d’avoir été initiée par son père à la médecine, occupation qui est loin d’être conforme à celles que son sexe exige.

Héluise fuit et devient Druon de Brévaux, mire* itinérant. Celui-ci se fait accompagner par le jeune Huguelin. Jusqu’à ce qu’un jour, les deux « compères  » soient arrêtés pour braconnage sur les terres de la comtesse Béatrice d’Autigny. Celle-ci a la réputation de punir plus sévèrement que nécessaire les contrevenants. Mais le mire lui serait bien utile pour mettre un terme aux terribles meurtres perpétrés par une bête démoniaque qui sème la terreur dans la région.

Après Monestarium et la passionnante  tétralogie de la Dame sans terre, Andrea Japp nous propose une nouvelle saga captivante mêlant l’histoire, le genre policier et la science. Toxicologue de formation, elle s’y connaît en empoisonnement en tous genres. Et en tant que scientifique rigoureuse, elle ne lésine pas sur la documentation qui alimente son récit. Les notes de bas de pages sont nombreuses, qui viennent expliquer les termes techniques employés ou expliciter une référence historique. Notons tout de même que ce premier tome est fortement inspiré de l’affaire de la bête du Gévaudan et que le mystère de la pierre rouge ne sera pas levé dans ce premier tome, où il en est en définitive peu question. L’auteur n’a néanmoins pas pu se départir d’un certain cliché, celui qui fait du Moyen-Âge une époque obscurantiste et fanatique.

L.S.

* Médecin, au Moyen-Âge et à la Renaissance.
JAPP, Andrea H. Aesculapius (Les mystères de Druon de Brévaux ; 1). Paris : Flammarion, 2010. 446 p.